Éditorial : L’activité physique et sportive sur ordonnance

Par Richard DUPUY

Editorial rédigé par Paul MENU, Professeur Emérite des Universités, Membre de Sport Santé 86 et de la commission médicale du CNOSF

Trois éléments et la détermination sans faille d’une femme ministre ont permis au parlement de voter l’amendement sur la prescription médicale de l’activité physique dit « sport sur ordonnance » (SSO)

En 1953, une équipe anglaise démontre que les chauffeurs de bus impérial font deux fois plus d’accidents vasculaires (infarctus, AVC) que les contrôleurs et conclut à un effet bénéfique protecteur de l’activité physique sur la bonne santé. Depuis des milliers de publications ont prouvé les bienfaits en prévention secondaire de l’activité physique pour éviter la récidive d’accidents cardio-vasculaires. Enfin l’article publié dans le Lancet en 2004 a établi avec certitude que parmi les 9 facteurs expliquant ou favorisant la survenue d’accidents cardio-vasculaires, l’activité physique était l’un des facteurs protecteurs essentiel. Il aura fallu la ténacité de Madame Valérie Fourneyron pour que ces évidences se traduisent par un texte de loi permettant aux médecins de faire une ordonnance médicale d’une activité physique, afin d’éviter aux patients atteints de maladie chronique (ou d’une ALD) de faire une récidive.

La prescription non pharmaceutique n’est pas en soi une nouveauté, la kinésithérapie, l’orthophonie ou la préparation à l’accouchement sont déjà réalisées selon ce mode au quotidien. Même si pour le SSO, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir (financement et extension de cette loi à ceux qui présentent uniquement des facteurs de risques) le train est en marche et déjà des milliers de passagers en ont bénéficié. La mise en œuvre est longue. 

 Quelle que soit la tranche d’âge considérée, la pratique d’activités physiques favorise la bonne santé cardiovasculaire, le développement cognitif, la cohésion et l’intégration sociale.

Vous trouverez sur ce site, le cadre légal, en sachant que si la loi est indiquée pour les pathologies lourdes la plupart des régions et des centres étendent déjà cette mesure à ceux qui sans être malades, ont tout pour le devenir rapidement : obésité, stress, tabac, sédentarité.

Le dispositif PEPS (Prescription d’Exercice Physique pour la Santé) que nous mettons en place en Nouvelle-Aquitaine fait suite au dispositif Prescrimouv’ que nous avons expérimenté depuis 3 années. Nous l’avons analysé et décortiqué pour le rendre plus simple et plus pratique. Pour les médecins l’approche par pathologie a été complétée par l’approche par capacité.

Ce dispositif n’est qu’un starter, une « aide au démarrage » pour relancer l’homme ou la femme, les accompagner dans un programme d’activité physique adapté et plaisant, afin de lutter contre leurs facteurs de risques. Ces programmes sont prévus pour 3 à 6 mois, ils doivent ensuite permettre aux candidats de voler de leurs propres ailes.

Insistons sur le fait que toutes ces procédures sont et seront évaluées pour savoir sur un grand nombre de sujets, ce qui fonctionne le mieux, et définir les difficultés.

En conclusion… 3 points sont essentiels

1.      Personne ne prend ses baskets à votre place, c’est à vous de découvrir le bien-être de la marche nordique ou du tir à l’arc et c’est souvent plus efficace que certains comprimés.

2.      Nous faisons tout pour vous faciliter cette reprise en main avec la formation des encadrants et des structures d’accueil de la façon la plus adaptée et la plus large possible.

3.      Le bénéfice de l’activité physique qu’elle soit sur ordonnance ou pratiquée spontanément dépasse de très loin le simple bénéfice sur les organes (cœur, cerveau, os…) c’est un bénéfice sociétal et un bien-être global.

L’activité physique (sur ordonnance ou pas) est l’outil idéal pour transmettre les valeurs intrinsèquement liées à la citoyenneté. Connaître et respecter une règle, persévérer, surmonter les obstacles, agir en collaboration dans le respect de ses coéquipiers et adversaires. Il développe un sentiment d’appartenance, des aptitudes à la vie quotidienne comme la confiance en soi, la coopération, l’écoute, l’empathie et des valeurs telles que le respect de soi et des autres.